La campagne électorale en cours, la chasse aux oligarques, un Président qui multiplie les outrances... Pour les caricaturistes russes, c'est une période bénie ?
Chaque jour qui passe dans ce pays depuis trois cents ans est un jour béni pour les caricaturistes. Le problème est que nous n'avons pas la liberté de publier nos dessins. Quand notre Président invite un journaliste français à venir se faire circoncire en Russie, imaginez tout ce qui nous passe par la tête ! Dans n'importe quel pays, les caricaturistes auraient fait fortune avec une telle histoire. En Russie, pas un seul dessin n'a été publié à ce sujet. Sous Eltsine encore, des quantités de caricatures du Président paraissaient : ça lui était égal. Mais notre jeune colonel du KGB, lui, ne s'en fiche pas. Quand il n'était que prince encore, en 2000, j'ai pu publier ce dessin dans la Literaturnaya Gazeta où je le montrais s'emparant de la Russie pour la sortir de son marais. Et encore ! C'est parce que le rédacteur en chef n'avait pas vu le deuxième sens : Poutine est en tenue de judoka. La suite logique de la prise est qu'il va balancer le pays au tapis. Après cela, c'en était fini des dessins de Poutine.
Vous n'avez pas le droit de caricaturer Poutine ?
Depuis cinq mois que je travaille pour le journal Novie Izvestia, je livre tous les jours un dessin politique et un dessin économique. Je peux aborder beaucoup de thèmes, dessiner presque tout, sauf ce Monsieur le colonel. Une fois, ça passerait peut-être. Mais nous som