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Libération
Critique

Contre tous les bigots du monde

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publié le 6 décembre 2003 à 2h13

Le titre est trompeur. Auteur prolixe et amateur de polémiques, Jack-Alain Léger publie un libelle qui, au premier abord, est une charge voltairo-moliéresque contre l'islam et sa figure désormais fameuse. Tariq Ramadan est, juge-t-il, un nouveau Tartuffe, au service d'une cause dangereuse. Rayant d'un trait de plume la distinction entre l'islamisme et un islam «ossifié», il fait passer la ligne de fracture entre les imams et les Arabes libres penseurs, d'ici ou de là-bas, premières victimes, dit-il, de l'islam. Le résultat est féroce, écrit dans une langue réjouissante, mais parfois approximatif et non dénué de mauvaise foi - c'est la loi du genre.

Mais la vraie cible est ailleurs. Moins que Ramadam, Léger vise ceux qui défendent l'islam par amour des opprimés - «ces histrions pétris de mauvaise conscience qui prétendent réparer les atrocités perpétrées par la vieille gauche en renchérissant dans la haine de soi et de l'Occident». Moins que Tartuffe, Léger pourchasse Orgon, figure éternelle du zélateur-délateur qui, rappelle-t-il dans une comparaison convaincante, refusait hier de critiquer les pays du communisme réel pour ne pas hurler avec les loups et qui aujourd'hui crie au racisme quand on critique l'islam en oubliant que l'islam n'est pas une race, mais une religion.

C'est là que Léger est le meilleur: dénonçant toutes les hypocrisies, il flingue Chevènement, Raffarin, les débats télévisés, l'extrême gauche lorsqu'elle se laisse aller à la mauvaise conscience, les intégr