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Libération
Reportage

Dans les starting-bosses.

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Chaque année, lors du Festival international du Sahara, quelques fêlés enfourchent leur dromadaire pour participer à un épique marathon à travers les ergs.
publié le 6 décembre 2003 à 2h13
(mis à jour le 6 décembre 2003 à 2h13)

La place du 7-Novembre est désormais déserte. Les portraits du président Ben Ali, omniprésents à Douz comme dans le reste de la Tunisie, ne regardent plus que le vide. Tous les habitants de l'ancien «port» caravanier avancent en une longue file indienne et rieuse, à pied, en Mobylette deux-temps ou, plus souvent, entassés dans des pick-up hors d'âge, sur la route goudronnée qui serpente dans la palmeraie. Direction : la place H'naïech, à une poignée de kilomètres de la ville. En fait de place, on découvre une large piste de sable ocre, bordée d'un côté par 300 mètres de tribunes en béton et, de l'autre, par les premières dunes du Grand Erg oriental. C'est là que, pendant quatre jours, 10 000 personnes revivent le temps des grandes caravanes, des barouds et des fantasias.

Le programme du Festival international du Sahara semble immuable depuis trente-cinq ans : danses folkloriques, parades équestres, parodie de mariage traditionnel ou, pour les petits, chasse au sloughi, un lévrier miniature qui court après un lapin de garenne. Toutefois, les véritables vedettes, ce sont les dromadaires, et plus particulièrement la race des méharis, que tous les Tunisiens appellent «chameau». L'animal à une bosse semble placide, il ne faut pas trop s'y fier : les combats-exhibitions organisés par le festival se révèlent particulièrement violents, les bêtes se livrant à un féroce corps à corps, cous entremêlés et mâchoires cherchant à mordre les pattes arrière ou les testicules de l'adversaire.