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Libération

Bush et un trou

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publié le 20 décembre 2003 à 2h25

Après Il faut raser le dictateur Saddam, dernier chef-d'oeuvre en date des productions du Pentagone, les télévisions du monde entier, dépêchées fissa sur le lieu du tournage dit du «trou à rat», eurent bien évidemment du mal à surenchérir dans la mise en scène hollywoodienne. A voir cette photo publiée dans Libération mardi 16 décembre, il semblerait que certains journalistes ont cependant de la ressource.

Sans doute pour redonner de la consistance à l'image classique du présentateur vedette et néanmoins homme-tronc, le journaliste télé s'est donc à demi introduit dans le trou historique. Il est plaisant de reconstituer l'intense débat médiatique qui a dû présider à cette trouvaille formidable. Dans un premier temps, il semblerait que l'ingénieux journaliste avait envisagé d'interviewer le palmier dont on aperçoit le tronc pelé sur la droite de l'image. Mais devant le mutisme obstiné de ce témoin pourtant privilégié, puisque enraciné aux premières loges de l'événement, le journaliste se serait alors retourné vers le trou. Et là, dilemme ! Je me mets où ? Devant ? Les téléspectateurs vont croire qu'on leur cache quelque chose. Derrière ? Encore pire qu'à côté, on va encore dire qu'on tourne autour du pot. Dedans ? Bingo !

Après l'info plus bas que terre, l'info au fond du trou. Il suffisait d'y penser. Et les bouchons de champagne ont dû sauter au siège de la rédaction quand on y visionna les images de cet exploit. Car il a dû en falloir de l'abnégation professionnelle pour se