Pour certains, l'individualisme est devenu la tare d'une société de tous les égoïsmes dans un monde globalisé... La France vit une crise de confiance dans son rapport à l'individualisme contemporain, souvent assimilé à tort à une vision ultralibérale de la société. Ce pays est pourtant le premier à avoir posé le projet d'une société individualiste. Depuis la révolution de 1789, elle fonctionne sur des liens électifs, choisis par les individus eux-mêmes. Il ne s'agit pas d'une société atomisée du chacun pour soi mais d'un vaste projet de redéfinition de ces liens en partant de l'idée que l'individu est l'élément de base de la société. La société individualiste ne date pas de Mai 68 mais des Lumières.
Beaucoup en appellent à un retour aux valeurs républicaines...
Cette nostalgie pour la IIIe République, idéalisée mais dont le «corset» social nous serait insupportable aujourd'hui, s'explique bien. Ce régime a en effet su répondre de manière assez radicale à l'angoisse de la modernité. Dans cette phase, la première modernité, on va certes faire confiance aux individus mais on va le faire partiellement et seulement de temps en temps. En termes politiques, c'est l'avènement d'une démocratie représentative, le droit de vote et la construction d'institutions laïques fortes assises sur une légitimité républicaine.
Comment cette première modernité prend-elle en compte l'individu ?
Dans cette phase d'émancipation nécessaire, on s'appuie sur une conception plutôt négative de la liberté indi