Copenhague envoyé spécial
La quintessence du design danois se résumerait-elle à un joint ? Lorsqu'à Copenhague on fait ses courses de drogues douces, commerce plus ou moins toléré (début janvier, les échoppes de la «commune libre» de Christiania au sud-est de la ville ont été démolies par leurs propriétaires pour contrer un projet gouvernemental d'expulsion, Libération du 8 janvier), ce qui frappe c'est l'étui en plastique transparent protégeant le cône de shit préroulé (environ 5,20 euros pièce). Cette gaine capsulée prévient tout risque de dessèchement désolant et empêche que le joint s'effiloche au contact de ses petits frères. Certes, passé une certaine heure et une plus incertaine quantité, on a vu quelque aficionado tenter d'allumer le tube de plastique plutôt que le joint de shit, mais à jeun, il est indéniable que cet accessoire répond stricto sensu à la définition du dictionnaire : «Design, esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction.» C'est une très longue histoire qui lie le Danemark au design. Elle est paradoxalement mal racontée dans le musée Dansk Design Center, un monstre de blabla prétentieux, et en revanche parfaitement retracée dans le Kunstindustrimuseet où on apprend, qui plus est guidé par l'impromptu d'un collectionneur érudit (monsieur Erik Veistrup), que tout a commencé au lendemain de la Première Guerre mondiale. Surtout avec Kaare Klint, chantre du fonctionnalisme : «La beauté d'un objet dépend de