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Libération

Le Boum 2

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publié le 20 mars 2004 à 23h50

Avant le terrorisme islamiste de destruction massive, les terroristes avaient un but. On peut soutenir ou combattre les revendications d'ETA, de l'IRA ou des Palestiniens, du moins les discerne-t-on. On a l'impression que l'unique volonté de ces islamistes est de nous punir. C'est comme s'ils étaient le grand méchant loup et que nous soyons tous des petits cochons impurs. Leur ambition n'est pas de changer le monde, c'est de nous faire payer. Ils ne prétendent pas agir pour notre bien, ni même pour le leur. Certes, qui aime bien châtie bien, mais on soupçonne que ce n'est pas uniquement l'amour et l'affection qui les guident. On sent que ça ne part pas d'un bon sentiment. C'est comme si ces terroristes s'autoproclamaient instance morale internationale, malheureusement plus puissante que l'ONU et le Vatican réunis. Imagine-t-on les catholiques interdire la contraception à coups de canon?

Tous les morts n'ont pas la même valeur. Proximité géographique et sociale aidant, l'attentat de Madrid nous frappe plus que celui de Bali. C'est au point que, encore ces jours-ci, les conséquences du carnage madrilène éclipsent par instant à la télévision le procès de Bertrand Cantat. On nous annonce chaque mort américain en Irak d'une manière ambiguë, comme si c'était une justification supplémentaire à notre non-participation à la guerre : il y a du danger là-bas, ça aurait pu arriver à un Français. Les morts des Irakiens eux-mêmes sont, en revanche, ravalées au rang de morts de simples Afgh