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Libération
Interview

En Afrique du Sud, les inégalités deviennent plus sociales que raciales

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Philippe Gervais-Lambony, géographe, et grand connaisseur de l'Afrique du Sud, dresse un bilan de l'évolution de ce pays, dix ans après la fin de l'apartheid et à la veille des élections du 14 avril.
publié le 10 avril 2004 à 0h11
(mis à jour le 10 avril 2004 à 0h11)

Alors que tous les observateurs s'inquiétaient d'un risque de guerre civile en Afrique du Sud il y a dix ans, les électeurs sud-africains s'apprêtent à voter dans le calme dans quelques jours. La réussite de cette transition n'est-elle pas la preuve que deux hommes, Nelson Mandela et Frederik De Klerk, peuvent changer le cours de l'histoire ?

C'est sans doute vrai pour Mandela, qui a amené toute l'opposition sud-africaine à négocier et qui, une fois au pouvoir, a poursuivi cette politique dite de réconciliation. Mais, dès la fin des années 80, l'Afrique du Sud, soumise à un boycott international, était dans une telle situation de difficulté économique qu'il était logique que le pouvoir blanc aille vers des négociations. D'une certaine manière, la fin de l'apartheid était économiquement plus rentable.. Que la classe politique et la population blanches aient voté majoritairement pour la fin de l'apartheid me semble finalement logique. Pour des raisons différentes, il était de l'intérêt de l'ANC, en tant que principale force politique du pays, de négocier son arrivée au pouvoir pacifiquement en 1994, sachant que c'était le principal parti et qu'il remporterait les premières élections démocratiques de 1994. Avec deux autres leaders, on serait sans doute arrivé à la fin de l'apartheid, mais de façon plus violente.

Est-ce à dire que, pour les Sud-Africains blancs, il fallait tout changer pour que rien ne change ?

Il faut distinguer plusieurs catégor