SAMEDI
Prenez donc une tranche de vie
Ma boîte aux lettres contient le second roman qu'un jeune nanti vient de faire sous lui. Un de ces auteurs clonés et ineptes qui envahissent les colonnes et les plateaux télé dans la lignée bêlante de leur chef de troupeau, Beigbeder. Je le parcours d'un «derrière distrait» (Henri Jeanson). Le crétin explique au début de son autofiction qu'il est «créa» gratos pour la télé puisqu'il arnaque les Assedic. Les chômeurs «recalculés» et les intermittents apprécieront. Ce pauvre type prend la provocation de cour de récré et le crachage dans la soupe pour de l'humour et de la rébellion, sans la culture, la dignité ni le talent des nihilistes. L'écrivain anarchiste André Gill (1840-1885, m'a appris récemment le Monde libertaire) s'interrogeait : «On ne songe qu'à créer des maisons de fous, quand ouvrira-t-on des maisons pour imbéciles ?» On pourrait le rassurer : nombre de grandes maisons d'édition aujourd'hui remplissent cette tâche soit en publiant des imbéciles, soit en en employant.
Allez, moi aussi je vais raconter ma vie, c'est facile à pondre : 13 heures, je file chez Bruno qui me prête sa voiture afin que je puisse aller chercher mes enfants chez leur mère pour mon tour de vacances scolaires. Hirsute, il vient de se lever. «Ça va la vie», dit-il, manquant de devoir faire appel au secrétariat d'Etat aux Droits des victimes en tentant d'ouvrir un paquet de café imaginé par un type du packaging pervers polymorphe. Je lui apprends que tout ce q