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Libération
Reportage

Gênes, l'ancre de l'architecte.

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Renzo Piano, un des auteurs de Beaubourg, raconte la ville dont il est originaire: une anti-Venise, à la beauté discrète, baignée par la Méditerranée et cernée de montagnes.
publié le 13 novembre 2004 à 3h00

Gênes envoyée spéciale

«Gênes n'est pas une ville touristique. C'est même tout le contraire et c'est pour cela que je l'aime. A l'inverse de Venise, dont la beauté est explicite et ostentatoire, Gênes est une ville secrète où il faut frapper aux portes. Les façades des palais sont en trompe l'oeil et les vrais trésors sont à l'intérieur. C'est une ville secrète, dans laquelle les silences sont précieux. Depuis près de trente ans, je suis plus ou moins parisien. Et pourtant je reviens toujours ici, justement à cause de cette dimension silencieuse.

Pendant très longtemps, Gênes a été une ville puissante et riche. Au XVIIe siècle, c'était la capitale économique de l'Europe. Mais, comme Fernand Braudel l'a très bien expliqué, sa puissance a toujours été ailleurs. En Espagne, par exemple, dont les Génois étaient les banquiers et géraient la collecte des impôts.

«Gênes a toujours été récalcitrant»

Pour découvrir cette ville, il faut partir d'en haut, de piazza delle Fontane Marose, et descendre jusqu'au port par ces ruelles qui suivent le tracé d'anciens ruisseaux : via Luccoli, via degli Orefici, pour arriver piazza Caricamento. Car, en fait, il y a deux Gênes : le port d'un côté et la ville de l'autre. Le port, c'est les voyages, l'aventure, l'ouverture sur le monde. Autant ce lieu est extraverti, autant la ville est repliée sur elle-même, rassurante et protectrice comme un ventre maternel. Les jours où il fait du vent, on s'y sent en sécurité. Dans l'un de ses poèmes, Paul Valéry d