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Libération

Et bravo pour les Irakiens

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publié le 5 février 2005 à 0h24

Les élections se sont mieux passées que prévu en Irak : tant mieux ou tant pis ? On voit bien les avantages pour les Irakiens, mais pour nous ? On n'aurait pas été surpris que les électeurs soient assassinés en plus grand nombre mais, les Irakiens tués, on n'a pas de mal à passer ça par pertes et profits. On n'a pas trop approfondi le bilan de la première guerre du Golfe et on aurait sûrement mis notre veto à l'embargo si les centaines et centaines de milliers de cadavres qu'il a provoqués (les femmes, les enfants) nous avaient souciés. On se passionne plutôt pour les morts américains à l'unité avec un intérêt parfois malsain, comme dans l'espoir sans cesse cruellement déçu que tout le peuple des Etats-Unis se lève soudain pour dire à George W. Bush : «Plus jamais ça.» La tenue plus que convenable des élections nous oblige à nous poser d'autres questions : et si les Américains avaient eu raison malgré leur péché originel contre l'ONU ? S'ils n'avaient pas été si kamikazes que ça ? Et si cet imbécile de George W. Bush se révélait plus malin que tout le monde ? On imagine ce salaud imposer à lui tout seul la paix en Israël et Palestine par pure méchanceté, juste pour nous humilier.

Notons que ces élections irakiennes ont une valeur cathartique en elles-mêmes, complètement indépendante de leurs résultats encore inconnus. Leur vainqueur est secondaire pourvu qu'elles aient eu lieu. C'est un peu comme des Jeux olympiques du Bien et de la démocratie : l'essentiel est de participer,