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Libération
Enquête

Né pour tuer en Irak

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L'armée américaine va utiliser des robots armés pour des missions militaires. Une révolution dans l'art de la guerre, qui soulève de nouveaux problèmes éthiques.
publié le 5 février 2005 à 0h24

Arsenal de Picatinny (New Jersey) envoyé spécial

Lorsqu'on le voit s'échapper rapidement du hangar, pivoter sur ses chenilles, attendre deux secondes, remuer une de ses quatre caméras, traverser la rue sans se faire écraser, grimper le talus et s'ébrouer dans la neige, on ne peut s'empêcher de le trouver mignon, ce soldat-là. On a tort : c'est le pire des tueurs. Froid comme l'acier, insensible à la douleur, sans coeur.

Il ne mange pas. Il ne souffre pas. Il ne rate presque jamais sa cible. C'est un robot. Ce qui ressemble à son nez est la pointe d'un fusil-mitrailleur M 249.

Les Etats-Unis s'apprêtent, dans les mois qui viennent, à envoyer en Irak quelques-uns de ces engins. C'est une première. Jusque-là, les robots étaient confinés dans des tâches de sauvetage de blessés ou de déminage. Mais, si on excepte l'avion sans pilote Predator, jamais l'US Army n'avait eu recours à des machines pour des missions de combat. Les prototypes de soldats-robots étaient en effet très lourds, très lents, et soulevaient donc peu d'enthousiasme chez les militaires. Le nouveau robot, baptisé Swords (1) par les ingénieurs de Picatinny, avance à 6,6 km/h. Il suffit de deux hommes pour décharger ses 90 kilos d'un camion. Il a été développé en dix-huit mois, pour seulement 2 millions de dollars.

«Ce sont des soldats en Afghanistan qui ont déclenché le processus, raconte Anthony Sebasto, l'ingénieur chargé du projet. Ils utilisaient les robots Talon pour désamorcer des explosifs et ont exprimé le beso