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Libération

UE, le libéralisme recule d'un pas

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publié le 5 février 2005 à 0h24

C'est arrivé cette semaine : un coup d'arrêt à la dérive libérale européenne. La chose est suffisamment rare pour qu'on la signale et qu'on tente d'en tirer quelques enseignements. Mardi, José Manuel Barroso, président de la Commission de Bruxelles, a annoncé que la directive sur la libéralisation des services en Europe, dite Bolkestein, était repoussée et serait révisée, alors que son examen par le Parlement européen était prévu en juin. Un cas d'école que cette directive : une de ses clauses fait tout simplement sauter toutes les protections nationales des travailleurs, depuis le code du travail jusqu'à la sécurité sociale. Elle stipule, pour résumer, qu'un prestataire de services d'un pays européen opérant, par exemple en France, peut faire travailler ses salariés en France selon la réglementation du pays d'origine de l'entreprise, à l'exception du salaire et du temps de travail. A vrai dire, la chose existe déjà, mais pour une durée limitée et le cahier Emploi de Libération s'était fait l'écho de moniteurs de ski anglais, relevant du droit britannique, exerçant leur métier dans les stations françaises auprès des touristes britanniques. On voit vite l'enjeu : comme l'industrie depuis 1993 et l'ouverture du grand marché européen, les services vont connaître une concurrence entre modèles sociaux et réglementaires différents, non plus à distance entre pays, mais au sein de chaque pays.

Le réexamen de la directive est donc un recul, provisoire, mais réel du libéralisme. A qui