Cette photo distribuée par l'Agence France- presse n'existerait pas si les autorités chinoises ne l'avaient pas permis. Il faut donc supposer qu'à leurs yeux elle est une image de propagande destinée à diffuser une certaine foi pour un certain ordre. On notera en effet que les hommes en vert sont très proprets et bien alignés, et que les vingt-six hommes en bleu à qui ils imposent le respect en les maintenant la tête courbée sont eux aussi très bien rangés.
Ce qui les différencie, c'est que les uns sont des soldats et les autres des prisonniers, exhibés le 7 avril 2004 dans la ville de Wenzhou (dans l'est de la Chine) pour «crime», mot générique puisque dans les tribunaux chinois il désigne indifféremment un vol de sac à main, une arnaque au soja ou un massacre à la tronçonneuse.
En châtiment de leur «crime», ce jour d'avril 2004, onze prisonniers furent exécutés, la Chine restant la championne du monde de la peine de mort (au moins 5 000 en 2003). Du coup, on se penche un peu plus sur l'image pour essayer mais en vain de deviner qui a pu échapper à la mort. En précisant que, contrariant une coutume enracinée par la dictature communiste, les condamnés à mort ne sont plus exécutés en public d'une balle dans la nuque mais hors champ, d'une injection létale. C'est sûrement ce qu'en Chine on appelle un progrès.
Dans cette image d'ordre aussi rouge que les tapis qu'on a déroulés sous les pieds des participants, deux vétilles font particulièrement désordre et horreur. D'une part les