Envisager les conséquences d'un non français à la Constitution européenne ce n'est pas forcément céder à la politique-fiction, tant l'échéance référendaire est proche et les éléments de contexte ou de calendrier déjà connus.
Au soir du 29 mai, les partisans du non exigeraient pour les uns la renégociation, pour d'autres l'abandon du texte. C'est ce qui ressort des campagnes actuelles. Pour ce qui est de la seconde option, rien de plus simple : le président de la République annonce que la France assume l'échec du traité constitutionnel puisqu'il doit être ratifié par les 25 (article IV-447). C'est donc le traité de Nice qui restera en vigueur, dont il est déjà assuré, soit dit en passant, qu'il ne permettra pas de faire fonctionner cette Europe à 25 (c'est même pour cela qu'une convention constitutionnelle a été réunie de février 2002 à juillet 2003). Mais c'est une autre histoire.
Nombreux seront ceux qui réclameront de renégocier sans attendre. Mais qui, quoi, quand et avec qui ? Pour ce qui est de l'interlocuteur présidentiel, ceux qui tablent sur une démission de Jacques Chirac rêvent un peu : on ne survit pas à quarante ans de coups de tabac politiques et judiciaires sans lâcher ainsi le morceau. Ensuite sur quelle base «renégocier» parmi toutes les facettes d'un non majoritaire ? Les souverainismes de Le Pen, Villiers ou Chevènement ? L'anticapitalisme de Besancenot-Laguiller? L'antilibéralisme et le protectionnisme du PC et d'Attac ? L'antilibéralisme et le fédéralisme