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Interview

Les parasites jouent un rôle moteur dans l'évolution du vivant

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Claude Combes, biologiste, s'est spécialisé dans la recherche sur le parasitisme. Qu'ils s'appellent tiques, virus, bactéries, tous les organismes vivants en hébergent. Ils évoluent avec l'espèce hôte, dans un fragile équilibre entre symbiose et conflit qui peut aller jusqu'à la mort.
publié le 11 juin 2005 à 2h35

"Le commun des mortels rêve d'un monde sans parasites. Vous, vous avez de la sympathie pour eux. Pourquoi ?(Rires) Parce que je vis sur leur dos depuis trente-cinq ans, j'ai passé toute ma carrière de biologiste à les étudier. Plus sérieusement, tout le monde doit la vie au parasitisme. Les cellules des hommes, des animaux, des plantes, des champignons, sont le fruit de l'invasion d'une cellule primitive par une bactérie. Il y a 2 ou 3 milliards d'années, une bactérie est entrée dans une cellule primitive, y a trouvé un abri pour s'y reproduire en paix, et sans doute au détriment, au départ, de son hôte. Au fil de l'évolution, ce parasitisme s'est transformé en un échange de services, une relation de symbiose, où la bactérie a mis son aptitude à produire de l'énergie au service de la cellule hôte qui lui fournit le gîte. Les descendantes de ces bactéries parasites sont les mitochondries présents par centaines dans les cellules de tous les organismes supérieurs. Quant à la différence entre l'animal et la plante, on la doit aussi au parasitisme: les végétaux ont pu voir le jour parce qu'une bactérie capable de transformer la lumière en énergie a parasité une cellule primitive. Les descendants, ce sont les chloroplastes que l'on trouve dans toutes les cellules végétales. Grâce aux chloroplastes, les plantes n'ont pas besoin de se déplacer pour se nourrir. Elles n'ont donc pas développé ce système nerveux qui nous permet de disserter. Ainsi, le processus du parasitisme est à l'o