On a toujours la gueule qu'on mérite, puisque cette photographie d'un visage peu amène est le portrait d'un salaud : Edgar Ray Killen, 80 ans, ex-membre du Ku Klux Klan, jugé en 1967 pour trois meurtres de militants pour les droits civiques et acquitté à l'époque parce qu'il était blanc et pasteur baptiste. Si son portrait reprend trente-huit ans plus tard du poil de la bête, c'est que ce sale bonhomme vient d'être rejugé et condamné à soixante ans de prison. Edgar Ray Killen (Killer ?) devrait donc être libre pour ses cent quarante ans. Il pourrait cependant à cette échéance être toujours vivant, car il est avéré que ce genre de crapule confite par la haine a la peau dure (cf. notre Papon). La preuve : nonobstant les fanons dégoulinant du cou, Killen ne fait pas ses 80 ans. Il n'empêche que ce portrait «objectif» est du côté de l'accusation. Certes ce n'est pas le photographe qui a choisi le chapeau Stetson ni la grandeur des lunettes qui font loupe sur la dureté du regard, plutôt que la chemise Hawaï qui aurait fait d'Edgar un brave pépère en retraite à Miami. Mais c'est le photographe qui a décrété la lumière et le cadre, et, par exemple, que l'on verrait tout du chapeau de ce cow-boy de l'enfer. Mais si le portrait est réussi, c'est que son acuité n'est pas seulement à charge. Dans le paysage du visage, on aperçoit d'autres horizons moins bouchés. Il permet d'imaginer que l'homme fut jeune, bien avant l'année de ses 42 ans où il orchestra ses meurtres racistes. Il est av
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