Et si la reconstruction de l'Europe après la bombe du 29 mai commençait par... la crise budgétaire. Elle était annoncée bien avant les référendums français et néerlandais. On en a vécu d'autres, et des tout aussi coriaces. Mais c'était dans un autre temps. Sans budget, il n'y aura pas de politique européenne. Et le «vélo immobile», pour reprendre une image déjà utilisée, pourrait bien verser dans le fossé. Si Tony Blair veut réussir sa présidence, il devra trouver le compromis nécessaire entre son chèque et notre PAC, pour financer l'élargissement et les dépenses de recherche. Il peut aussi, lui qui dit incarner l'Europe moderne, faire bien mieux : convaincre ses pairs d'en finir avec la règle archaïque de l'unanimité en matière budgétaire. Disons le tout de suite, c'est impossible avec le traité de Nice, alors que la Constitution le permettrait, comme quoi, celle-ci (pour la partie I) demeurera la base de départ de ceux qui veulent que l'Europe aille plus loin.
Le Conseil européen de Bruxelles a été calamiteux pour l'image de l'Europe. «Qu'est-ce que c'est que ce machin, ont pu se dire les citoyens, incapable de se décider sur des sommes misérables.» Car il s'agit bien de cela : le budget de l'Union est minuscule. 1,6 % du PIB de l'Europe à vingt-cinq, l'équivalent de la moitié de celui de la France. Et sur un sujet aussi mince, il faudrait l'unanimité, lorsque n'importe quel pays en décide sur des sommes bien plus importantes à la majorité simple ! Les enjeux sont d'autant