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Interview

Les médicaments qui peuvent sauver une vie sont un bien public mondial

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German Velasquez, médecin et économiste, responsable du département pour l'accès aux médicaments essentiels de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), explique le rôle joué par les brevets et les premières négociations avec l'OMC pour le développement des génériques dans le monde.
publié le 25 juin 2005 à 2h44

En cinq ans, le prix d'une année de traitement antirétroviral (ARV) contre le sida a baissé de 10 000 dollars à 150 dollars. Est-ce le signe d'une amélioration de l'accès aux médicaments ?

Il y a eu effectivement des réductions très importantes dans le prix des ARV. Mais, depuis un an, les prix repartent à la hausse. Dans plusieurs pays où l'approvisionnement et la consommation des ARV sont relativement bien organisés par l'Etat, comme dans certains pays d'Amérique latine, beaucoup de patients commencent à avoir des résistances aux médicaments qui ont fait l'objet d'une négociation et d'une réduction de prix. Il faut passer à de nouvelles pilules : les traitements de deuxième ligne. Là, il n'y a pas eu de négociation, et les prix s'avèrent astronomiques. Au Costa Rica, par exemple, la trithérapie s'élevait à 300 dollars en moyenne l'an passé. Aujourd'hui, c'est 3 500 dollars en moyenne ! Pourquoi ? Parce que 25 % de malades ont des résistances et doivent acheter des ARV à tarifs exorbitants : jusqu'à 8 000 dollars ! Il va falloir recommencer de zéro.

Quel rôle jouent les brevets dans les prix élevés des médicaments ?

La philosophie des industries du médicament est simple. Pour elle, la recherche et le développement (R&D) d'une molécule avant sa mise sur le marché sont tellement coûteux qu'il faut maintenir un monopole donné par les brevets pour une période qui va jusqu'à vingt ans. Mais, outre le fait que les nouveaux médicaments oublient des «maladies négligées» et tirent un t