Les délocalisations font beaucoup parler d'elles. Pourtant, selon vous, c'est un phénomène dont on exagère l'ampleur. En effet, je pense qu'il y a beaucoup d'approximation et de confusion sur ce sujet, tout comme sur celui de la désindustrialisation. La France est engagée dans un vaste processus de redistribution des cartes à l'échelle mondiale et il est normal que cela se traduise par des turbulences. Mais celles-ci n'ont pas l'ampleur qu'on prétend.
Contrairement à ce qu'on entend dire, nos sociétés n'ont pas basculé dans une ère postindustrielle. Cette idée reçue repose sur une distinction artificielle entre l'industrie et le secteur tertiaire. Si l'on considère la valeur ajoutée de l'industrie dans le PIB, elle est à peu près constante. Certes, l'emploi manufacturier a régressé du fait des gains de productivité réalisés au cours de ces dernières décennies, mais de très nombreux emplois industriels ont été externalisés dans le secteur des services. Plutôt qu'à une opposition, on assiste à une interpénétration de l'industrie et des services. En ce sens, notre société n'est pas postindustrielle mais hyperindustrielle.
S'agissant des délocalisations, il y a certes des mouvements importants qui frappent les secteurs à forte intensité de main-d'oeuvre directement exposés à la concurrence asiatique et des pays d'Europe de l'Est. Il faut là encore relativiser le phénomène. D'abord, les délocalisations stricto sensu (la fermeture d'une usine pour produire à l'étranger les biens qu'