Cette photo est une photo dite «de film». En l'espèce, les Amants réguliers de Philippe Garrel, qui vient d'être présenté à la Mostra de Venise (lire Libération du 5 septembre). Avant que cette image nous dise quoi que ce soit, on note à la loupe qu'elle est accompagnée en bas à gauche de la mention DR, lettres qui ne sont pas les initiales du photographe Denis Reblochon mais une manière abrégée de dire que les droits de son auteur sont réservés, donc protégés. Au cas où cet auteur pour l'heure inconnu réclamerait d'être payé (en précisant que les photos d'un film faisant partie de sa promotion sont généralement gratuites). Au cas où cet auteur, peu fier de son cliché, pour cause, par exemple, de paparazzisme, voudrait rester anonyme.
C'est ce deuxième cas qui est le plus propice à méditation. Cette image d'une fiction pourrait en effet être une image «vraie», tellement elle paraît cousine des photos «volées» de célébrités dont les boires et déboires font l'actualité des magazines spécialisés. Deux jeunes gens bien mis déambulant sur le trottoir d'un quartier propret, les yeux baissés sur leurs chaussures. Le regard bas signifiant l'abattement, toutes les légendes dépressives sont permises : «Samantha de la Star Ac' vient d'annoncer à Kevin de Popstars qu'elle est un homme.» Ou encore : «Le torchon brûle entre le chanteur des Blurps et la présentatrice vedette de Chassez le naturiste, il revient au bungalow.» Autant dire à l'école de la «télé-réalité», un effet de photo-réali