La France d'aujourd'hui c'est la «Tétanie», parodie de «Cacanie», ce nom que donna l'écrivain Robert Musil à l'Autriche-Hongrie d'avant 1914 quand le pouvoir impérial apportait un soin extrême à en faire juste assez pour être sûr de «rester l'avant-dernière des grandes puissances» (1). Une France tétanisée par l'indécision sur son avenir, du fait d'une classe politique suspendue à la présidentielle de 2007. La perspective de voir s'incruster une présidence diminuée quelque dix-neuf mois durant ne peut qu'exacerber des tensions politiques privées de l'issue démocratique nécessaire.
La «Tétanie» est paralysée sur sa droite par une guerre larvée entre deux prétendants élyséens et sur sa gauche par une implosion politique. Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin incarnent les deux faces d'une même médaille, mais le premier porte le projet d'une droite enfin décomplexée et débarrassée des ambivalences langagières du gaullisme, empruntant aux références de gauche pour mieux asseoir une prééminence nationale transclassiste. Il y avait dans le discours du président de l'UMP à La Baule une ode à la «réussite personnelle» érigée en valeur supérieure aux solidarités collectives et une volonté de transgresser les «tabous» des codes du travail, des impôts, pénal et autres, qui signent pour le coup une «rupture» avec les circonvolutions villepiniennes sur la «croissance sociale». Sarkozy-Villepin, c'est la revanche du Balladur-Chirac de 1995 et quelque part la rémanence d'un clivage entre