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Libération

Europe, la crise est bien là

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publié le 17 septembre 2005 à 3h43

Plus de trois mois après le rejet du projet de Constitution lors du référendum du 29 mai, la «crise salutaire» annoncée n'a pas eu lieu, crise qui devait permettre une «réorientation» de la construction européenne devenue «ultralibérale». Certes, la crise est bien là, mais elle est crépusculaire, rampante, mortifère. Comme le craignaient certains et le souhaitaient d'autres, l'Union a été stoppée nette dans son élan. Nul «plan B» n'a surgi de la manche d'un dirigeant européen. Personne ne sait si l'Europe pourra sortir de la crise dans laquelle l'a plongée le non français. Il est clair désormais qu'aucun pays n'a l'intention de renégocier une Constitution qui leur convenait car elle représentait le maximum acceptable pour eux. Et la locomotive franco-allemande n'est plus là pour tirer l'ensemble.

A la différence de l'Europe de la défense, dont le projet a été rejeté, déjà, par la France en août 1954 et qui, soixante ans après, peine à voir le jour, il existe cette fois un socle qui permet à l'Union de flotter sur son aire, le marché unique et l'euro. Mais les signes du délitement s'accumulent : l'Union n'est pas parvenue à se doter d'un budget pour les années 2007-2013. La légitimité de la monnaie unique a été remise en cause. Les Vingt-Cinq ont affiché leurs divisions sur le textile, la sécurité aérienne, la Turquie. Les gouvernements n'hésitent plus à vanter le repli national au nom du «patriotisme économique». Conscients de cette faiblesse européenne, les Etats-Unis ont ro