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Libération
Reportage

Une puce révolutionne le cadastre

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A Bangalore, dans le sud de l'Inde, le gouvernement régional a informatisé les relevés de propriété. Une expérience pilote en milieu rural qui élimine paperasses et corruption.
publié le 17 septembre 2005 à 3h43

Bangalore de notre envoyé spécial

Penché sur une large feuille de papier imprimé, à la sortie du guichet, Ereya Veerangowda affiche un sourire radieux. En quelques minutes, ce petit paysan de l'Etat du Karnataka, au sud de l'Inde, vient d'obtenir le document administratif qui, pour lui, est le plus important de tous : le RTC ou Record of Rights, Tenancy and Crop, équivalent local d'un titre de propriété. Comme l'écrasante majorité des 650 millions d'Indiens vivant dans les campagnes, le vieil homme ne possède en effet rien d'autre que ses terres. «Cinq acres de canne à sucre, de rizières et de lentilles», explique-t-il fièrement. D'où l'importance du RTC, qu'il doit fournir plusieurs fois par an pour obtenir des prêts bancaires, assurer ses plantations, toucher les compensations gouvernementales en cas de pertes liées aux catastrophes naturelles ou, comme ce matin, pouvoir acheter de l'engrais subventionné par l'Etat. «Ça sert même de caution pour obtenir une liberté conditionnelle, ajoute-t-il, c'est la seule preuve matérielle que je possède quelque chose à moi.» Jusqu'à peu, obtenir ce précieux document relevait d'un véritable parcours du combattant. «C'était un cauchemar», raconte Karigowda Krishna, lui aussi fermier dans la région de Mandhya, à trois heures de route de la capitale régionale, Bangalore, connue comme la Silicon Valley indienne. «L'officiel qui s'occupait des cadastres gérait plusieurs hameaux en même temps, il fallait sans cesse lui courir après. Ça pouvait