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Libération

Cohabiter à cru

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publié le 24 septembre 2005 à 3h50

Il y a de la joie dans cette image. Quelles que soient ses circonstances : en l'espèce, le 12 septembre, dans le sud de la bande de Gaza, des Palestiniens de la ville de Khan Yunis se baignant sur la plage de Shirat Hayam, colonie israélienne venant tout juste d'être évacuée. Ce qui pour eux n'était pas possible depuis 1967 (guerre des Six Jours et occupation par Israël de la bande de Gaza), car si ultérieurement les accords d'Oslo (1993) accordèrent aux Palestiniens la bande de Gaza, ils toléraient dans sa partie sud une frange côtière sous contrôle d'Israël qui y avait des colonies. Cette photo est donc historique mais, tout autant, géographique. N'importe quelle carte de cette région le confirme. A peine trois kilomètres entre Khan Yunis et la mer. C'est ce que dit cette image : 38 ans pour faire trois kilomètres. C'est long. Tellement long qu'on peut parier sans risque que tous les êtres figurant sur cette image, y compris le cheval, n'étaient pas nés il y a 38 ans lorsque commença la longue marche. On remarquera aussi, en y regardant de près, qu'à l'arrivée, si un cheval a eu le droit de patauger dans la mer, il n'y a en revanche aucune femme ni fille palestiniennes qui eut cette chance. A moins qu'un autre bout de littoral, hors champ voilé, leur ait été réservé ? Cette mer n'étant pas n'importe quelle bassine mais la Méditerranée, l'interprétation mythologique fait florès et variera selon le côté de la frontière où on se place. Sur le versant israélien, on comprendrai