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Les limites d'une technique en vogue

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Les reconstitutions virtuelles se multiplient, mais pour les scientifiques le résultat reste trop souvent de la fiction.
publié le 24 septembre 2005 à 3h50

Jusqu'où aller dans les reconstitutions en 3D ? Les personnages ou les bâtiments de l'histoire ou de la préhistoire apparaissent de plus en plus fréquemment dans les musées, les revues ou à la télévision. Comme si le grand public ne pouvait s'en passer. Pourtant, beaucoup de ces reconstitutions sont vivement critiquées. Car elles sont le plus souvent davantage le fruit de l'imagination de leurs créateurs que d'une réalité dont on ignore presque tout.

Ainsi, le «visage» de Toumaï, un de nos ancêtres vieux de huit millions d'années, s'affichant à la une de la prestigieuse revue scientifique Nature, alors que personne ne peut dire aujourd'hui à quoi il ressemblait vraiment. On est parfois loin de la démarche scientifique de l'Archéopôle de Bordeaux. Ces techniques, formidables objets de recherche, débordent des limites que voudraient leur imposer les chercheurs.

Les documentaires l'Odyssée de l'espèce puis Homo sapiens, par leur énorme succès public, ont servi de révélateur. Pourquoi donner à Néandertal ou aux premiers Sapiens telle allure, telle pilosité, comme si la représentation choisie était acquise ? Mêmes questions pour Toutankhamon, le pharaon objet de tous les fantasmes : quel visage se cachait derrière le masque d'or ? Sa momie fut d'abord passée aux rayons X puis reconstituée par ordinateur en image numérique de synthèse en 3D. Anglais et Néerlandais en ont présenté le «vrai visage» en 2002. Trois ans plus tard, trois équipes, égyptienne américaine et française, à l'ai