A 40 kilomètres de Strasbourg, dans une coquette commune alsacienne, La Walck (Bas-Rhin), quatre énormes robots travaillent 24 heures sur 24, cinq jours sur sept depuis février. Une cadence infernale pour une productivité maximum. Ces scanners, capables de tourner automatiquement les pages des livres pour les photographier, ont pour mission de numériser 32 millions de pages en trois ans, celles du Livre foncier d'Alsace-Moselle, spécificité juridique du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Une fois compressées, les images sont envoyées par satellite à un sous-traitant à Madagascar et à l'île Maurice, où quelque 200 opérateurs saisissent et indexent les données. Cette usine à numériser unique en Europe, dirigée par la luxembourgeoise Infotechnique, en partenariat avec IBM, pour le compte du ministère de la Justice (coût : 20 millions d'euros), se veut la vitrine d'un savoir-faire promis à un avenir radieux.
La Babel de Borges
Car, au-delà du Livre foncier, des chantiers colossaux se dessinent, des milliards de pages peuvent être tournées et des bibliothèques entières transposées sur la Toile. La bibliothèque universelle, la Babel de Borges, semble à l'ère numérique se trouver à portée de souris. C'est une annonce du moteur de recherche américain Google qui a sonné du clairon le 14 décembre 2004. Jusque-là, les bibliothèques qui existaient sur l'Internet avaient été créées par de courageux copistes bénévoles ou par des institutions qui travaillaient chacune dans leur petit coin. Des gisements