Les trois humains figurant sur cette image ont l'air gentils. A commencer d'évidence par le vieux monsieur du centre, parfait dans le rôle de l'aîné accorte. Mais tout autant les deux jeunes gaillards l'encadrant qui présentent l'avantage d'être jeunes, bien coiffés et beaux gosses. Mais on en rebat sur le charme ambiant dès que l'on note que les deux play-boys sont en uniforme, et que la veste du vieux monsieur est par contraste d'une excentricité étrange. Cette photographie est de fait terriblement historique.
Voilà donc Heinrich Hoffmann, photographe officiel d'Hitler, entouré de deux soldats américains, en train d'examiner un négatif photographique lors du procès de Nuremberg le 21 novembre 1945. On sait que l'irruption de l'image comme preuve fut une innovation du procès de Nuremberg, mais aussi que cette production influa autant sur le déroulement du procès que sur ses conclusions. Quand la salle du tribunal se métamorphosait en salle de cinéma, le film était toujours un film d'horreur. Dès lors, ce n'est pas seulement par réflexe de délicatesse professionnelle que les doigts d'Heinrich Hoffmann sont comme des pincettes quand ils étirent un négatif photo. Que sont-ils en train de voir ? Bien qu'on ne connaisse pas une seule image d'Hitler posant au milieu de l'Holocauste, on peut tout imaginer, et surtout le pire, malgré le visage serein des deux soldats. Et surtout quel statut d'innocence présumée, cet Heinrich Hoffmann pouvait à cet instant invoquer ? Un simple témoin