Menu
Libération
Interview

La politique britannique a l'avantage de reconnaître les différences

Article réservé aux abonnés
Danièle Joly, directrice du centre de recherche sur les relations ethniques en Grande-Bretagne, Française vivant outre-Manche depuis plus de trente ans, compare la crise des banlieues françaises aux émeutes qui ont éclaté en 1981 à Birmingham. Elle analyse les leçons que l'on peut tirer de l'exemple britannique.
publié le 26 novembre 2005 à 4h40

Vous étiez à Birmingham quand explosent, en 1981, les premières émeutes dans le quartier de Handsworth, qui se sont propagées à Brixton et dans d'autres villes. Peut-on comparer ces violences avec celles des banlieues françaises ?

La France aujourd'hui est à de nombreux égards dans la situation de la Grande-Bretagne il y a plus de vingt ans. Handsworth était un quartier à majorité antillaise avec une proportion plus faible d'Indiens et de Pakistanais d'origine. Parmi les jeunes qui se sont révoltés, beaucoup faisaient partie de la deuxième génération. Les affrontements ont eu lieu avec la police, à propos, au départ, d'une interpellation. Pourquoi ? Il faut le dire crûment : parce qu'elle était raciste, comme l'est une part de la police française. Les déclencheurs furent identiques à Brixton... C'étaient des quartiers désavantagés socialement, du point de vue de l'école, de l'emploi, avec très peu d'offres socio-éducatives. Des quartiers où la discrimination et le racisme s'exerçaient surtout à l'encontre des jeunes hommes issus de minorités ethniques. Et surtout des quartiers où ­ point essentiel ­ ces jeunes n'avaient jamais voix au chapitre.

Ce qui s'est passé en Grande-Bretagne permet de réfléchir sur la situation française. Au lendemain de la décolonisation des Antilles britanniques, les ressortissants des pays du Commonwealth venus s'installer en Grande-Bretagne ont eu le statut de citoyens britanniques. Ils ont eu une voix politique et ont investi le parti travailliste.