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Libération

Le sexe rend fou

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publié le 3 décembre 2005 à 4h47

Parmi les autocritiques suscitées par le double désastre judiciaire de l'affaire d'Outreau ­ une instruction ignoble puis un verdict indigne ­, il en est une qu'on n'a pas entendue. Rien sur l'objet même de cette triste histoire, qu'on ne peut pourtant traiter comme un détail, car il explique aussi bien l'écho médiatique qu'elle a trouvé que la cohorte de dérapages institutionnels qui l'ont accompagnée: la pédophilie. Sous quel autre prétexte imagine-t-on qu'une si déplorable machine à décerveler et à écraser des innocents aurait pu exister dans la France du XXIe siècle? L'enfance maltraitée ­ par les coups, le travail forcé ou par les caresses ­ n'est devenue comme telle un souci social qu'avec un retard historique qui étonne, rétrospectivement. Peut-être par contrecoup à cette trop longue cécité, un zèle intempestif a tendu ces dernières années à transformer la défense de l'enfance en chasse aux sorcières. Sans cette dernière, Outreau aurait été impensable. Il se trouve que parmi ses victimes il faut compter de nombreux enfants brutalement séparés de leurs parents innocents et interdits de communication avec eux jusqu'à ce jour. La justice dans cette affaire aura réussi à blesser plus d'enfants qu'elle n'en a secouru.

Sans l'extrême émoi suscité par les crimes sexuels, cela aurait été impensable. Car, plutôt que le sordide et lamentable fait divers d'origine ­ une famille désocialisée et incestueuse plus un couple de voisins partousards ­, ce qui a échauffé les esprits, c'e