On a vendu une flopée d'Airbus A320 aux Chinois et on n'en a même pas profité pour leur toucher un mot des droits de l'homme. Qu'on traficote avec les dictatures, bon, c'est le commerce, mais rester silencieux face à tous ces crimes, est-ce bien éthique ? D'un autre côté, à force de s'enrichir, les tyrans deviennent susceptibles, peut-être que ça aurait tout fait rater de leur donner des leçons. Et le droit au travail des ouvriers aéronautiques français est un droit de l'homme, comme le droit à l'avion pour les Chinois. Si, un jour, on décide de diversifier notre politique d'expulsion et ne plus la limiter aux Africains, on sera enchantés que les Chinois organisent eux-mêmes les charters. Et ne nous aurait-on pas reproché d'être hypocrites si on avait parlé droits de l'homme et fourgué les Airbus quand même ? Sans doute que les droits de l'homme sont comme le terrorisme, c'est plus efficace d'en discuter à huis clos, un dossier à traiter entre techniciens. On a dû évoquer la question en privé, les Chinois ont répondu «Oui oui, très bien», ça a gagné un temps fou, le temps c'est de l'argent, et l'argent c'est un droit de l'homme.
Il y a le droit à la différence pour les droits de l'homme. Pourquoi tous les hommes auraient-ils les mêmes ? L'homme développé en a d'autres que l'homme en voie de développement. Est-ce qu'il y aurait plus de démocratie en Chine s'il y avait moins d'Airbus ? En plus, des gens qui viennent acheter chez nous plutôt que chez Boeing et les Américains, c'