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Libération

Le petit théâtre de la cruauté chinoise

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publié le 10 décembre 2005 à 4h54

La dictature chinoise a décidément un certain génie pour diffuser des images destinées à «vendre» son indéfectible maintien de la peine de mort (3 400 exécutions l'an dernier selon Amnesty). Celle-ci, prise en juin dernier à Hanghzhou, province du Zhejiang, est donc une image autorisée, une image de propagande où, à ce titre, il est pratiquement impossible de détecter la part de mise en scène. Cette photo n'est même que mise en scène comme si, sur le petit théâtre de la cruauté chinoise, ces deux hommes assis et fumant leur dernière cigarette avant la balle dans la nuque, étaient des acteurs d'eux-mêmes, des vedettes bien éclairées au premier plan tandis qu'aux alentours plus obscurs, des demi-corps en uniformes font office de figurants. Reste que cette évidence forcenée est sillonnée par des éclairs d'autres imaginations qui font obstacle à son sens aveuglant et le déchirent. Tout intrigue en effet. Les masques

des deux condamnés ? Pour les protéger de quoi ? La grippe aviaire ? Pour empêcher au contraire que la contagion de leur crime (trafiquants de drogue) ne se propage ? Et ces polos blancs ? Même si on sait qu'en Orient le blanc est la couleur du deuil, les voilà presque élégants, nos deux immaculés. Et les cordelettes ton sur ton qui les entravent ? Va-t-on les pendre après les avoir revolvérisés ? Et cette façon réciproque de se titiller le bout de la cigarette. Tendrement ? Amoureusement ? Où est-on tout à coup ? Dans une fête foraine macabre où celui qui finira le p