Menu
Libération
Reportage

«Shanghai est une fiction»

Article réservé aux abonnés
Enfant terrible de la littérature chinoise, Mian Mian revisite les rues, bars et galeries qui peuplent son prochain roman.
publié le 10 décembre 2005 à 4h54

Shanghai envoyé spécial

Mian Mian vient d'arrêter de fumer. ça la rend nerveuse, malade, impatiente. L'auteure des Bonbons chinois (1), le récit ­ longtemps interdit dans son pays ­, d'une jeunesse drogue et rock & roll dans la Chine des réformes économiques, est d'un naturel exubérant. Une exubérance accentuée par la consommation de chewing-gums à la nicotine rapportés de France. A 35 ans, loin d'être assagie, Mian Mian est de retour avec un nouveau roman, Panda Sex (2), une histoire d'amours au pluriel dans les bars et les restaurants de Shanghai, sa ville natale, sorte de contre-guide touristique de cette métropole démesurée et ambiguë.

Jeans déchiré, blouson bleu turquoise et bottines roses, une fleur artificielle dans les cheveux, Mian Mian nous a donné rendez-vous dans l'un des hauts lieux culturels de la ville, la galerie Shanghart tenue par le Suisse Lorenz Hebling, un pionnier qui a aidé à faire connaître l'art contemporain chinois. Il a déménagé sa galerie dans le nouveau quartier branché, la zone industrielle de Suzhou Creek, où les artistes ont investi d'anciens entrepôts et usines.

Dans le roman de Mian Mian, la galerie Shanghart abrite la nuit un tripot clandestin où l'on joue au mahjong, ce jeu typiquement chinois identifiable à l'oreille, au bruit des pièces qui s'entrechoquent lorsqu'on les mélange en début de partie. Le lieu s'y prêterait bien, mais, dans la réalité, pas de tripot chez Lorenz Hebling ; juste les tableaux et installations de certains des meille