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Libération

J'ai bien là le sujet de mille tragédies.

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publié le 31 décembre 2005 à 5h11

Samedi.

Ce que je dois subir,

je m'en ferai le maître

Je ne reconnais rien, ni chevaux ni voitures,

Paris s'est transformé par cent mille aventures

Et tant de rues barrées, de tranchées, de déblais,

De travaux effrayants aux portes des palais

Donnent l'illusion d'un vivant cimetière.

Qui veut aller devant doit passer par-derrière.

Me faudrait-il tourner ma surprise en horreur

Et de ce monde ainsi me faire le censeur ?

Qu'importe le destin qu'il me faudra connaître,

Ce que je dois subir, je m'en ferai le maître

Car tragédien je fus et suis sûr de trouver

Dans cet univers neuf de quoi l'enjoliver.

Devrai-je chercher loin aujourd'hui les Camille,

Horace sacrifiant par vertu sa famille,

Un Auguste trahi, un Cid contemporain,

Un Cinna complotant la mort du souverain,

Un Tite énamouré, une femme infidèle

Et pour en terminer quelque prince modèle ?

Dimanche.

Des candidats furieux molestant l'amitié

M'étant mieux informé, j'apprends fort à propos

Que mon glorieux pays regorge de héros

Et que chacun prétend, postulant à l'Empire,

D'ici moins de deux ans, pour le mieux ou le pire,

Monter par son courage au sommet de l'Etat

Et devenir ainsi son premier potentat.

A mon âme avertie, la chose est familière

Car notre Rome antique en était coutumière,

Des candidats furieux, molestant l'amitié,

S'affrontaient tour à tour sans gloire et sans pitié.

A Rome ils étaient deux, ou parfois trois ou quatre,

En France d'aujourd'hui, décidés à se battre,

On les compte par vingt et dans tous les partis

Chacun se croit déjà parmi les mieu