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Libération
Interview

«Des attaques bien plus ciblées»

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publié le 11 février 2006 à 20h20

Patron de la recherche antivirale de la société russe Kaspersky Lab, Eugène Kaspersky a travaillé sur les questions de cryptographie pour le KGB (services secrets de l'ère soviétique). Il livre à Libération son analyse sur les nouvelles formes de cybercriminalité, en Russie et ailleurs.

La cybercriminalité est en pleine mutation, entend-on. Quels changements constatez-vous réellement ?

On constate que cette activité est en pleine professionnalisation. Le temps des «script kiddies», ces jeunes pirates, très doués, qui écrivaient des virus pour se faire remarquer et faire le maximum de dégâts en contaminant le plus grand nombre d'ordinateurs est bien révolu : ils préfèrent les jeux vidéo ! Aujourd'hui, la cybercriminalité est dans son immense majorité aux mains de bandes organisées, qui agissent dans la plus grande discrétion, avec un seul but : l'appât du gain.

Comment les attaques évoluent-elles ?

Elles sont aujourd'hui bien plus ciblées. Elles ne visent plus des millions ni même des milliers de machines, mais quelques postes bien précis, situés à des endroits clés. Ce qui complique notre tâche, puisque les codes malicieux les plus dangereux sont bien moins répandus. Il est donc plus difficile de les récupérer pour les neutraliser et fabriquer des antidotes. On a même trouvé sur un seul poste, dans une banque, un «cheval de Troie» conçu spécialement pour cette machine, et chargé d'en enregistrer les transactions financières. Cela témoigne d'un très haut niveau de connaissance de