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Libération
Reportage

L'Equateur en dents de cimes

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publié le 11 février 2006 à 20h18

Quito (Equateur) envoyé spécial

«Le plus haut, c'est neige et glace, la calotte de nombreux volcans. La région intermédiaire (les 3 000 mètres) est encore froide et aride. Une demi-heure d'un train lent, voici une station, on vous offre des mandarines fraîchement cueillies. On est piqué de quantité de mouches. On ne supporte plus le pardessus (c'est qu'on est descendu à 2 300 mètres). Encore quelques minutes de trajet : cannes à sucre, et quelques centaines de mètres plus bas, vers les 1 000 mètres, ce sont des ananas, palmiers de toutes espèces, singes, perroquets, typhoïde et paludisme.» Dans Ecuador (1929), un de ses premiers livres, Henri Michaux a su synthétiser, en voyageur initiatique, les vertiges que suscite d'emblée le petit pays andin. Sur un territoire moitié moins grand que la France, les contrastes vous submergent. Sans transition, vous expérimentez l'étouffement de la dense forêt amazonienne (une des parties les mieux conservées du continent), les solitudes glacées et désolées autour des volcans andins (dont dix dépassent les 5 000 mètres), puis l'horizon plat de la nonchalante et festive zone côtière. Oriente, sierra, Costa. Trois pays en un. Avec, bien sûr, des zones intermédiaires : les paramos, ces landes qui bordent les cimes andines et font penser à s'y méprendre aux highlands d'Ecosse ; l'Altiplano, entre 2 500 et 3 000 mètres, où se nichent de gros bourgs vivant dans un éternel printemps, dont la capitale Quito ; et, plus bas, les versants chauds et ses