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Libération
Reportage

Chiraz, petit poème perse

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La ville est célèbre pour ses roses, ses rossignols et les vers du célèbre poète du XIVe siècle, Hafez.
publié le 4 mars 2006 à 20h31

Chiraz envoyé spécial

Même les chardonnerets de Chiraz connaissent les vers de Hafez. A l'entrée de son sanctuaire, pour deux graines et trois sous donnés à l'oiseleur, ils s'en vont picorer ses poèmes écrits au hasard de petits bouts de papier. Une fois choisis, les vers seront interprétés et livreront les secrets de l'avenir. Un peu plus loin dans le jardin, annoncé par une garde royale de cyprès, se dresse son tombeau, couronné par une ample coupole qui le protège des ardeurs du soleil. Un petit paradis pour les amoureux. Ici, la police leur fiche la paix et ne vérifie pas s'ils sont mariés ou non. Les yeux dans les yeux, la main droite effleurant le sépulcre du poète, certains ouvrent son Divan (recueil) pour y chercher leur destin. Aujourd'hui, comme hier ou demain, c'est toujours Hafez (1320-1389) que l'on vient voir avant ou après un mariage, au moment d'un examen ou d'un long voyage. On le prie, on le remercie. On bavarde un moment avec lui. Des vieux pleurent en récitant ses poèmes. On lui témoigne du respect que l'on voue à un saint. Le soir, le tombeau s'illumine, les ombres s'adoucissent, la fraîcheur rend les heures plus légères et la relation avec Hafez se fait alors intime.

Dans la belle ghahwakhaneh ­ la maison de café où, comme il se doit en Iran, on ne sert que du thé ­ qui borde le mausolée, le glouglou des pipes à eau s'est interrompu. Un inconnu vient de lancer un interminable cri en direction du ciel. Est-ce un chant ou une flèche, ce long lamento qui psa