Berne envoyé spécial
Au bout du parking est entrouvert un portillon de fer. Il suffit de le pousser doucement pour pénétrer dans un parc aux allées rectilignes. C'est le cimetière Schosshalden. A droite en entrant, sous un parterre de jacinthes, une plaque de pierre indique que là repose le peintre Paul Klee, mort à Locarno le 29 juin 1940. Il se tient à l'écart, entouré d'un rectangle de dalles disposées près d'un épineux. Il y a quelqu'un d'autre avec lui, Lily la pianiste, née Stumpf, épousée en 1906. Elle est morte six ans après lui. Surplombant les tombes, un tumulus domine la ville. On y accède par un chemin étroit en colimaçon. Là-haut, le regard tourne au-dessus de la ville pour finir par se poser sur une grande prairie en pente qui descend, non pas vers mais sur un bâtiment partiellement enfoui. Ainsi vue de dos, la fondation Paul-Klee semble sortir de terre à la manière d'un brontosaure ayant secoué avec nonchalance sa grosse carcasse assoupie depuis des siècles. Cette vision «par le dos» s'oppose du tout au tout avec celle délivrée par une arrivée «normale», de l'autre côté, par l'accès à l'entrée principale.
Le Zentrum a l'allure d'un monument qui attendait depuis toujours le moment d'émerger de l'oubli.
La façade se présente comme une succession de trois vagues semblables à celles que forment, sur les plages Atlantiques, les rouleaux de la marée océane. On pense aussi aux soubresauts d'un drap ou d'une couverture quand, tenus par les deux bouts, on les agite pour l