Si vous visitez la Camargue au printemps, vous vous souviendrez d'un paysage sauvage où paissent des taureaux noirs et des chevaux blancs, où les flamants sont vraiment roses et où le seul bruit qui ose couper le souffle du mistral est celui des grenouilles clapotant dans les marais. En revanche, si vous y passez en été, ou pire en septembre, vous vous souviendrez d'abord des nuages noirs de moustiques et des boutons rouges de votre peau. Voilà pourquoi depuis plus de vingt ans les professionnels du tourisme de la Camargue et certains habitants implorent les collectivités locales de débarrasser la région de son suceur de sang. Ils viennent d'obtenir gain de cause. La démoustication de la Camargue sera «bio» et expérimentale : elle commencera en septembre pour une durée de un an renouvelable.
A l'Entente interdépartementale pour la démoustication (EID), on est sur le pied de guerre. Cette institution, financée exclusivement par les collectivités publiques, est la seule habilitée à démoustiquer sur le littoral méditerranéen. Avec sa nouvelle mission en Camargue, elle double sa superficie d'action. Depuis presque un demi-siècle, cet opérateur traque le moindre moustique et élimine ceux qui piquent l'homme, depuis Cerbère, situé à la frontière espagnole, jusqu'à Marseille. Lors de sa création, en 1958, l'objectif était clair : contrôler le fléau pour développer le tourisme et l'économie. A l'est, la région de Fos-sur-Mer deviendra un pôle industriel. A l'ouest, la région de La Gr