La matière première de votre travail sur le cinéma et sur l'histoire, ce sont des vieux films. D'où viennent-ils ? Au milieu des années 70, nous avons trouvé des lots de films au format 9,5 mm Pathé-Baby. C'est un format oublié, non considéré, alors invisible. Donc intéressant, comme le seraient des microfilms qui conserveraient une histoire secrète et empêcheraient qu'elle se perde. Le 9,5 mm, créé en 1912, a été le premier format des films amateurs. Pour la première fois, le cinéma entrait dans les maisons, aussi bien pour des fictions, des actualités, que pour des bandes tournées par le père de famille ou le grand frère. Les cinémathèques ne savaient pas qu'elles possédaient ce genre de trésors, ni même les particuliers, car personne ne pouvait plus les projeter. Nous avons fouillé et réuni une belle collection. Quand nous avons mis au point un appareil pour les visionner, nous avons été éblouis. Comme des ethnographes ou des peintres impressionnistes. Car ce sont aussi bien des documents que des oeuvres d'art. Mais nous ne sommes pas des philologues, ni même des historiens du cinéma, ce qui nous intéressait le plus était de recueillir les sentiments qui gisaient dans ces films. C'était très émouvant de faire renaître des milliers de regards, ceux d'avant la Première Guerre mondiale, avant la boucherie. Ou les regards du voyage, puisque beaucoup ont été tournés dans l'Empire italien ou français. C'était le regard de la colonisation. Nous avons su très vite que le sentime
Interview
Faire renaître les milliers de regards qui gisaient dans ces Þlms.
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publié le 26 août 2006 à 23h03
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