Samedi Tous des sans-papiers J'aime l'été ici. Les amis viennent, on a tout le temps pour rire, marcher le long de la mer, prendre un verre au jardin. On organise du cinéma en plein air, on improvise une librairie, on filme la performance d'un ami habillé en Superman qui grimpe en haut du clocher. C'est sur ce fond de liberté que les nouvelles du monde s'impriment. Et, quelles que soient les difficultés que rencontrent nos vies, il est impossible, devant ces nouvelles du monde, de ne pas dire que nous avons de la chance. Nous faisons ce qui nous plaît, nous allons où nous voulons, il est peu probable qu'Israël ou le Hezbollah envoient une bombe sur notre village. C'est ce qu'on appelle le confort. Confort aussi de s'installer dans un fauteuil au festival de Douarnenez devant un documentaire sur les clandestins qui tentent de passer la frontière Slovénie-Italie, et de méditer sur la condition de ceux qui décident coûte que coûte de fuir leur pays. Ceux qui, dans cette échappée longuement préparée, se font arrêter et se retrouvent nulle part, durant des mois, sans pouvoir s'expliquer dans leur langue, sans savoir où le sort va les envoyer, ne pouvant plus rien choisir. C'est tout près, c'est partout. Que trouverions-nous pour tenir dans des circonstances ou plus rien n'est permis, choisi, ajusté ?
Dimanche Toujours quelqu'un en short Le contraire du réfugié, c'est le touriste. Il baguenaude, sûr de son bon droit, sur la grande scène pleine d'attractions que lui offre le monde.