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Un «je t'aime» le matin vous habille pour la journée

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Olivier Saillard, chargé de programmation au musée des Arts décoratifs de Paris et créateur d'une singulière maison de couture, questionne l'impossibilité d'échapper à la mode.
publié le 2 septembre 2006 à 23h08

A quoi sert la mode, aujourd'hui ? Elle est ce qui permet de développer une identité d'exception vis-à-vis d'un groupe, tout en lui appartenant. D'être légèrement en dehors du collectif, sans rompre les attaches. Tel l'élastique d'un lance-pierres : tendue vers l'extérieur, mais rattaché à l'intérieur. Pour être à la mode, il faut être légèrement en avance par rapport au flux, mais pas trop. N'être ni trop mimétique, ni trop singulier. C'est une posture d'équilibriste et un mystère. Pourquoi l'originalité est-elle jugée inspirante ou grotesque ? Etre à la mode, c'est brandir une autonomie avant que le groupe ne s'empare du goût, et ne l'avale. Car, dès qu'elle devient envahissante, elle s'annule. Son propre succès la fait disparaître. Un paradoxe : alors que les vêtements très pointus des créateurs sont de moins en moins diffusés, il est impossible d'échapper à la mode. Même les catalogues de vente par correspondance ne proposent plus de vêtements neutres : pantalon mastique, chemise simple. Je suis très attentif à ce type de vêtements, qui ne désignent aucune appartenance, et j'ai du mal à en trouver.

Existe-t-il des phénomènes de mode vestimentaire totalement étrangers à tout marketing ?

On a beau dire que le marketing domine la mode, on constate très souvent l'inverse. Qui pourrait dire qui a lancé le motif aztèque qu'on retrouve aussi bien sur un canapé clic-clac que sur la doudoune Kiabi ? Des bureaux de style ont prédit le retour de la minijupe, ou du fuseau, on attend t