Dans un texte virulent que vous publiez sur le site de l'ordre régional des architectes, vous protestez contre les lotissements qui s'étalent partout en France. Vous parlez de «crise du pavillon». Vous n'aimez pas la maison individuelle ?
Il y a une quinzaine d'années, j'étais assez favorable à l'idée de rénover les grands ensembles. Je pensais qu'il fallait refaire la ville, recréer des quartiers dans lesquels vivre ensemble signifie quelque chose. Mais je suis assez atterrée de voir comment, quinze ans plus tard, la démolition a lieu et ce qu'on propose pour pallier la disparition de ces logements. Je pense que le remède pavillonnaire est pire que le mal. A mon sens, restructurer les grands ensembles devait servir à retrouver tous les éléments qui fondent la vie de quartier, c'est-à-dire les commerces, les espaces publics, les équipements, des bureaux et du logement mélangés. Je ne suis pas contre la maison individuelle, mais un village s'est toujours constitué avec un clocher, l'hôtel de ville à côté, une grande densité au centre et une densité plus faible au fur à mesure qu'on s'éloigne. Il y a une certaine gradation, une organisation de l'espace urbain. Aujourd'hui, le laisser-faire se généralise. Esthétiquement, on retrouve le problème qui se pose dans le grand ensemble : la monotonie, la répétitivité, l'absence de repères. Ce sont des lieux sans âme, des cités-dortoirs où il n'y a pas de hiérarchie. On a pourtant construit dans les années 30 des cités-jardin qui