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Libération

Parfois la vie brûle comme une flamme

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par Nuala O'FAOLAIN
publié le 16 septembre 2006 à 23h18

SAMEDI

Les places italiennes

J'ai passé l'été dans mon cottage de l'ouest de l'Irlande, à penser à la vieillesse, sujet sur lequel je souhaite écrire si je réussis à trouver le ton adéquat de comédie horrifiée. J'ai aussi tenté d'inciter un nouveau chien à se domestiquer ; c'est un chiot fox-hound de 4 mois, à l'enthousiasme, l'énergie et l'appétit désastreux. Je ne voulais pas du tout partir en vacances. Les mots et un chien suffisent à me contenter. Mais j'ai un ami new-yorkais d'origine juive dont la mère, âgée maintenant de 91 ans, a lutté, jeune, contre l'antisémitisme et la misogynie des écoles de médecine américaines, quand elle voulait être docteur, et qui a fait ses études à Rome. Elle voulait voir l'Italie à nouveau, peut-être pour un dernier adieu. Alors je me suis retrouvée invitée dans un hôtel élégant et coûteux du front de mer, à Viareggio. Je pensais tout aimer en Italie, mais ce genre de vacances somptueuses, choisies pour montrer qu'on appartient à la bourgeoisie, n'a pas été une expérience de mon goût. Pourtant l'air était doux, la chère était bonne et, par-dessus tout, à vingt minutes , il y avait Lucques. Il me semble que les places des petites villes italiennes montrent bien ce que peut être le plus haut degré des relations entre êtres humains, aux antipodes, par exemple, de la guerre par bombardements aériens. Je regardais avec envie les vieux assis sur leurs chaises de cuisine, joyeux et loquaces, et les vieilles qui se parlaient avec autant de vigueur