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Libération
Interview

«Capter la conscience»

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publié le 30 septembre 2006 à 23h29
(mis à jour le 30 septembre 2006 à 23h29)

Jean Delbeke a publié Des prothèses pour le cerveau, éd. du Pommier, 2004.

Matthew Nagle, tétraplégique, pense à déplacer un curseur sur un écran et le curseur bouge sur l'écran. Claudia Mitchell, amputée d'un bras, pense à lever sa prothèse de bras et la prothèse se lève. Tout cela paraît aussi magique qu'Uri Geller le prestidigitateur tordant ses petites cuillères d'un simple regard. Comment est-ce possible ?

Il n'y a là rien de magique. L'homme et la machine électronique ont une propriété commune : leur aptitude à émettre, encoder, décoder des signaux électriques. Le fait que l'on puisse aujourd'hui capter un fragment de «pensée» humaine et le traduire en un acte réalisé par une machine résulte d'une convergence de connaissances issues de disciplines scientifiques diverses : la physique, la biologie, l'informatique. A l'origine, il y a la découverte, au XVIIIe siècle, des principes de la production d'électricité, par Alessandro Volta, et, de façon concomitante, l'exploration des phénomènes électriques à l'oeuvre dans des organismes vivants. En 1791, Luigi Galvani provoque des contractions des muscles de la grenouille en lui appliquant des conducteurs métalliques, galvanisant ainsi (c'est le cas de le dire) le débat ancien sur le rôle de l'électricité chez les animaux. Aujourd'hui, on sait que les membranes de toutes les cellules sont chargées électriquement et que l'activité des cellules nerveuses est fondée sur leur capacité à produire et transmettre des impulsions électri