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Interview

Ne touchons pas à l'Antarctique, pôle de froid essentiel

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Isabelle Autissier et Erik Orsenna, marins et écrivains, expliquent que, même s'ils n'ont pas constaté de réchauffement en Antarctique, le jour où le climat là-bas commencera à changer, les conséquences seront imparables et irréversibles.
publié le 30 septembre 2006 à 23h29

L'hiver dernier, vous vous êtes rendus tous deux à la voile, en Antarctique. Auparavant, que représentait pour vous ce continent réfrigéré ?Isabelle Autissier. Pour un marin, l'Antarctique est intéressant, car c'est différent de ce qu'il connaît. La glace change la donne. Alors, quand on aime bien découvrir, on va voir. Et on apprend un nouveau mode de navigation. Il y a à la fois une envie d'apprendre une nouvelle facette du métier et une curiosité pour un univers fondamentalement différent, un paysage de glaces et de rocs. Je m'y suis rendue une première fois, il y a quatre ans, avec des copines. Ensuite, j'avais essayé d'y retourner en montant un projet genre arche de Noé, avec des scientifiques et des artistes, pour qu'ils racontent cette étrangeté. Eric faisait partie des gens intéressés. Ça n'a pas pu se faire pour une question d'argent. J'étais un peu frustrée, je voulais continuer à utiliser le bateau comme un vecteur de découverte et de rencontre, et je me suis rabattue sur un voilier de 15 mètres pour faire à petite échelle ce que j'avais prévu.

Erik Orsenna. Moi, le déclic s'est passé dans l'île de Bréhat. J'étais un typique petit Parisien qui n'existait que pendant les deux mois d'été. Il y avait deux personnages mythiques dans l'île, un ancien cap-hornier et un officier de marine, une sorte de successeur de Paul-Emile Victor qui a été le patron d'expéditions en terre Adélie. Déjà, le Horn et l'Antarctique, dès l'enfance. En 2000, j'ai passé trois semaines dans le