Depuis la mort de son mari, madame Meyer vient presque tous les jours. Elle appartient à l'Amicale de généalogistes bénévoles qui refait les dossiers de tous les officiers français entre 1 791 et 1847. «Nous en sommes aux Lefebvre. Une dizaine de cartons. La semaine prochaine, j'entame les Lefevre», dit-elle. Le plus beau souvenir de la vieille dame : «J'ai retrouvé l'ordre du Directoire d'aller enlever le pape Pie VI !» Patrice Miannay est lui aussi un habitué des archives de la Défense, au château de Vincennes. Ce qu'il traque, ce sont les agents allemands infiltrés dans les réseaux de la Résistance. Il en a déjà tiré un Dictionnaire des agents doubles et ne compte pas s'arrêter là. Pour Jean-Noël Griffisch, c'est, en revanche, une première visite. Etudiant en histoire, il vient de choisir son thème de recherche sur «les fortifica- tions de Saint-Malo au XVIIIe siècle».
Le lieutenant-colonel Boyer, responsable des archives de l'armée de terre, l'accueille. «Vous venez chez nous avec une question, vous devez repartir avec une réponse. Alors, action !» affirme cet officier, qui a servi chez les légionnaires parachutistes. «Mais je ne peux recevoir que cinquante personnes au même moment. Dans ce bâtiment, plus rien n'est aux normes. Si je déplace 150 cartons d'archives, il faut refaire les calculs de charge pour que le bâtiment tienne debout !» Du coup, les lecteurs n'ont droit qu'à trois cartons par jour, à réserver une semaine à l'av