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Libération
Critique

Les gnons de Matignon

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publié le 4 novembre 2006 à 23h57

Cette enquête devrait être le livre de chevet du socialiste Jean-Marc Ayrault comme du sarkozyste François Fillon, voire de Dominique Strauss-Kahn ou de Michèle Alliot-Marie, si ces deux-là finissent par revoir à la baisse leurs ambitions présidentielles. Bref, de tous ceux qui songent à s'installer dans l'hôtel particulier du 57, rue de Varenne au printemps prochain. A lire l'ouvrage passionnant de Françoise Fressoz et de Bruno Dive, journalistes respectivement aux Echos et à Sud Ouest, on conseillera à tous ces prétendants de lorgner un boulot plus paisible. Car, s'il est un job impossible depuis l'avènement de la Ve République, c'est bien celui de Premier ministre.

Pour peindre ce martyrologe, les auteurs sont, notamment, retournés accoucher les «ex» encore en vie. Tous, sauf Lionel Jospin, se sont prêtés au jeu. Des petites humiliations encaissées par Jacques Chirac (invité à la table giscardienne en la seule compagnie du moniteur de ski d'Anne-Aymone...) au calvaire de la crise du CPE subi par Dominique de Villepin, il en résulte une litanie de souffrances endurées tout au long d'un contrat précaire aux allures de CNE. Le titulaire dépend en effet entièrement du bon plaisir de son supérieur et ne peut savoir quand cessera son bail avant que ne tombe l'oracle élyséen. Sans préavis. La façon dont Michel Rocard a été congédié comme un domestique, en mai 1991, quelques jours après avoir été convié à fêter les dix ans du règne mitterrandien à l'Elysée demeure un