Catherine Tourre-Malen est l'auteur de Femmes à cheval, Belin, novembre 2006, 20 euro(s).
L'équitation était un sport masculin, militaire même. Aujourd'hui, elle attire en majorité des juniors. Que s'est-il passé ?
Cette évolution a pris à peine trente ans. Elle est intéressante, car elle est le fruit de tendances qui ont traversé toute la société. Il y a eu d'une part une évolution hédoniste des pratiques sportives, rejetant la compétition, l'effort, directement héritée du «droit au plaisir» porté par l'esprit de Mai 68. Et puis, un changement de vision de l'enfant. A la fin des années 70, on ne le conçoit plus comme un adulte miniature, mais un être que le jeu structure. En équitation, cela s'est traduit par une pédagogie où il n'importe plus tant d'enseigner la technique que de participer au développement du jeune. Je l'ai bien vu, j'ai été membre de la commission pédagogique de la Fédération française d'équitation. L'enfant est placé au centre, l'équitation devenant un moyen de développer la latéralisation, la proximité avec la nature, etc. On a alors conçu des activités ludiques utilisant le cheval. Et les poneys, dont la taille est adaptée à l'enfant, ont alors commencé à déferler sur le monde équestre au point de le faire vivre.
Vous semblez regretter cette démocratisation...
Je regrette que l'équitation se soit popularisée au prix d'une entrée dans un système marchand et surtout de la mercantilisation de son enseignement. Jusque dans les