Menu
Libération
Critique

Mots enchanteurs

Article réservé aux abonnés
publié le 23 décembre 2006 à 0h36

«C'est un pur miracle que la maquette originale, avec le manuscrit complet et ses croquis, aient réapparu et puissent être publiés», dit Maurice Sendak de son mentor Crockett Johnson. Le créateur de Barnabé et de Harold et le crayon rose, mort en 1965, comptait aussi Duke Ellington, W.C. Fields, Charles Schulz, Dorothy Parker, parmi ses admirateurs. La Plage magique était son livre préféré, un avis que les maisons d'édition n'ont pas partagé d'emblée. Une demi-douzaine d'entre elles le refusent «avec enthousiasme», selon lui. Son éditrice, même, assène : «Je ne vois vraiment aucun moyen de réécrire cette histoire pour qu'elle soit réussie.» Finalement un compliment. Deux enfants, dégaine à la Peanuts avant l'heure, arrivent sur une plage : un cadre fixe, un trait zigzagué sur fond bis, on y est. L'une aurait bien voulu rester chez elle «à lire une histoire», l'autre trouve «bien plus amusant de faire quelque chose soi-même».«Dans les histoires, les gens ne se promènent pas toute la journée à la recherche d'un vieux coquillage. Il leur arrive des choses intéressantes», râle la fillette. «Les histoires ne sont faites que de mots. Les mots ne sont que des lettres», rétorque le garçon. Jusque-là, ni l'un ni l'autre n'a tort, la suite leur prouvera que chacun a raison. Ils ont faim, le garçon trace sur le sable mouillé le mot confiture une vague se brise sur la plage, celui-ci s'efface, les mots sont, en